Toutes sortes d’images nous parviennent du Moyen Orient semant trouble et confusion dans notre perception, selon leurs provenances souvent incertaines (sources professionnelles ou amateurs) ou les points de vue qu’elles défendent (témoignages ou propalLEgandes). Comment les analyser, comment les appréhender ? L’ECLAT présente deux soirées consacrées à ces « nouvelles images », éclairées par une conférence de Dork Zabunyan associée à une proposition de films.
Conférence de Dork Zabunyan
« Images manquantes et hyper-visibilité »
Mardi 14 mars à 18h30 « En 1991, lors de la guerre du Golfe, Serge Daney déclarait que nous étions entrés dans l’ère des « images manquantes », comme en témoignait alors pour lui l’absence d’images de Bagdad bombardé sur les écrans de télévision. Aujourd’hui, cette hypothèse semble obsolète, tant nous avons le sentiment d’appartenir au contraire à une époque du tout-image et de l’hyper-visibilité généralisée. Qu’il s’agisse des films amateurs des soulèvements arabes, des vidéos de propagandes d’organisations non-étatiques, ou encore des images du martyre de la ville d’Alep, nous sommes pris dans un tourbillon d’images qui semblent mettre à mal le constat de Daney. Mais quels types d’images percevons-nous exactement de ces événements liés à notre histoire contemporaine ? La saturation en signes visuels et sonores ne nous fait-elle pas oublier que des images, malgré tout, nous font défaut ? » D.Z
Dork Zabunyan est professeur en cinéma à l’université Paris 8. Il collabore à différentes revues (Cahiers du Cinéma, Trafic, artpress, Critique…). Il a notamment publié L’insistance des luttes : images soulèvements contre-révolutions (De l’incidence, 2016), Les images et les mots : Décrire le cinéma (Presses Universitaires du Septentrion, 2014, avec Diane Arnaud), Les Cinémas de Gilles Deleuze (Bayard, 2011), Foucault va au cinéma (Bayard, 2011, avec Patrice Maniglier)
Allemagne année zéro
Roberto Rossellini, Italie, 1947, 1h18, vostf
Avec Edmund Meschke, Ingetraud Hinze, Franz-otto Kruger
Lundi 13 mars 18h30
Présenté par Kaloust Andalian
Au lendemain de la seconde guerre mondiale, Edmund, 12 ans, parcourt les rues de Berlin en ruines à la recherche de nourriture et de menus trafics pour subvenir aux besoins de sa famille… Après Rome, ville ouverte et Paisa, Allemagne année zéro est le dernier volet de la trilogie que Rossellini consacre à la guerre (1945-47). Se concentrant sur les mécanismes moraux qui ont abouti au chaos, le récit est construit autour du regard d’un enfant confronté à une situation qui le dépasse. Selon ses « principes néoréalistes », Rossellini adopte un point de vue quasi-documentaire et filme les ruines sans enjeux psychologiques préétablis, ni comme prétexte métaphorique, il prend simplement acte du présent comme la conséquence d’une pensée désastreuse. C’est là toute la force esthétique de ce film, l’un des plus poignants sur l’après-guerre.
Roberto Rossellini est l’un des principaux représentants du cinéma néoréaliste italien, mouvement constitutif d’une modernité cinématographique qui bouleverse les codes de la dramaturgie en opérant une rupture avec les règles de la fiction classique. Les films de Rossellini ont contribué a transformer le regard du spectateur, le rendre plus mature, « en montrant les choses comme elles sont », selon ses propos.
The Uprising
Peter Snowdon, Belgique/Angleterre, 2014, 1h18, vostf
Mardi 14 mars à 20h30
Présenté par Dork Zabunyan
The Uprising est construit à partir d’images réalisées par des manifestants des Printemps Arabes. De ces vidéos amateurs trouvées sur Internet, Peter Snowdon construit un récit autour d’une révolution imaginaire, une manière pour lui de rendre hommage aux révolutions réelles et mieux les comprendre. Ce dispositif d’une étonnante efficacité permet à Snowdon de dépasser et de renouveler les formes fictionnelles ou documentaires habituelles. « Une des raisons qui m’a poussé à faire ce film, explique le réalisateur, est que j’observais les personnes qui filmaient <les révolutions> en train de se regarder, s’imiter et s’inspirer les unes les autres. Je voyais cette énergie révolutionnaire qui circulait non pas dans un seul pays mais dans plusieurs pays. »
Peter Snowdon a étudié le français et la philosophie à l’Université d’Oxford avant de s’installer à Paris pour travailler dans l’édition et le journalisme et comme consultant pour l’UNESCO. Il réalise des films depuis 2000, principalement documentaires « agitprop », primés dans de nombreux festivals.
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