du 26 au 28 mars 2013
L'EDITO D'EUGENIO RENZI
Sous le titre ambitieux de « Chine, extrême cinéma », des films invitent à la découverte d’un double univers, celui de la Chine contemporaine et celui du cinéma qui s’est donné pour tâche de la filmer.Depuis que le bouleversement économique des années 2000 a définitivement ringardisé l’expression « extrême orient », la Chine incarne de plus en plus ce que Chung Kuo, à la lettre, veut dire: «l’empire du centre». Notre intitulé sonne alors comme un paradoxe : le pays «au centre» de notre époque vu par un cinéma «extrême».Mais que veut dire «extrême»? C’est l’une des questions que l’on posera au cinéaste Wang Bing, qui sera présent à la Villa Arson pour accompagner cette programmation. Anticipons ceci : les cinéastes qui filment la Chine aujourd’hui semblent se partager en deux catégories. D’une part, ceux qui disent : ce qui existe disparaît. D’autre part, ceux qui disent : ce qui résiste n’apparaît pas.
Ces deux catégories sont évidemment «extrêmes». La réalité est plus nuancée. Un mélange la compose toujours de choses qui disparaissent tout en laissant des traces ou qui survivent tout en ne résistant que partialement et par intermittence. Mais le rôle du cinéma ne se borne pas à raconter une histoire, un lieu, une trajectoire – aussi exemplaires soient-ils. S’il existe bien, en Chine et ailleurs, un certain cinéma qui s’occupe à filmer le centre du monde, ce n’est pas celui-là qui est visé ici. Cette programmation réunit plutôt un échantillon d’un cinéma qui arpente l’extrémité du monde et, par là, définit tout ce qui se trouve à l’intérieur de ces extrêmes. E.R
LE FOSSÉ
de Wang Bing (Chine, 2012, 1h53)
Mardi 26 mars à 20h30
En présence du cinéaste
A la fin des années 1950, le gouvernement chinois expédie aux travaux forcés des milliers d’hommes, considérés comme droitiers au regard de leur passé ou de leurs critiques
envers le Parti communiste. Déportés au nord-ouest du pays, en plein désert de Gobi et à des milliers de kilomètres de leurs familles pour être rééduqués, ils sont confrontés au dénuement le plus total. Un grand nombre d’entre eux succombent, face à la dureté du travail physique, puis à la pénurie de nourriture et aux rigueurs climatiques. Le Fosséraconte leur destin – l’extrême de la condition humaine.
Précédé à 18h30 d’une Masterclass de Wang Bing animée par Eugenio Renzi
L’ARGENT DU CHARBON
de Wang Bing (Chine, 2009, 52 min)
Mercredi 27 mars à 18h30
En présence du cinéaste
Sur la route du charbon, qui va des mines du Shanxi au grand port de Tianjin, en Chine du Nord, des chauffeurs au volant de camions de cent tonnes chargés jusqu’à la gueule font la noria, de nuit et de jour. Au bord de la route : prostituées, flics, rançonneurs à la petite semaine, garagistes, mécaniciens. Les chauffeurs roulent à travers montagnes et plaines et échappent de peu aux accidents. Ils s’enivrent la nuit en vitesse avec quelques filles, n’ont pas le temps de dormir et se retrouvent au port pour vendre leur chargement contre une poignée de yuan. Ils repartent aussitôt vers la mine, réconfortés par les conversations au téléphone portable avec leurs épouses, qui vivent dans des masures disséminées au bord de la route.
BLACK BLOOD
de Miaoyan Zhang (Chine, 2010, 2h03)
Mercredi 27 mars à 20h30
Présenté par Eugenio Renzi et Luc Richard
Xiaolin et sa femme vendent leur sang pour payer l’école de leur fille. Ils finissent par créer une petite banque du sang qu’ils nomment Ali-Baba. Avec ces profits importants, la cour autrefois déserte se remplit de moutons. Au-delà la dénonciation d’un système sanitaire déliquescent, le film sonne en filigrane une charge virulente contre un capitalisme sauvage dont la doxa pose l’enrichissement personnel comme la voie
royale (moyen, signe, et objectif) de son
développement.
DOCUMENTAIRE PARLÉ
conférence de Luc Richard
Jeudi 28 mars à 18h30
Difficile d’avoir une image nette de la Chine tant les bouleversements (urbanisme, grands travaux, migrations intérieures) qui l’ont frappé ces dernières années ont changé son visage. Pour rassembler les fragments épars, il faut un travail d' »archéologie immédiate ». Le mode de la promenade et du « documentaire parlé » permettront de partir à la recherche d’un peuple et de son Histoire.
Suivi de la projection de Zone of initial Dilution (cf. image) d’Antoine Boutet (France, 2006, 30 min) – Présenté par Luc Richard A la fin des années 1950, le gouvernement chinois expédie aux travaux forcés des milliers d’hommes, considérés comme droitiers au regard de leur passé ou de leurs critiques envers le Parti communiste. Déportés au nord-ouest du pays, en plein désert de Gobi et à des milliers de kilomètres de leurs familles pour être rééduqués, ils sont confrontés au dénuement le plus total. Un grand nombre d’entre eux succombent, face à la dureté du travail physique puis à la pénurie de nourriture et aux rigueurs climatiques. Le Fosséraconte leur destin – l’extrême de la condition humaine.
AI WEIWEI : NEVER SORRY
de Alison Klayman (USA, 2012, 1h31)
Jeudi 28 mars à 20h30
Présenté par Eugenio Renzi et Luc Richard
Ai Weiwei, artiste dissident de l’ère numérique, inspire l’opinion publique internationale et brouille les frontières entre art et politique. Arrêté par les autorités chinoises le 3 avril 2011, libéré sous caution le 22 juin, Ai Weiwei est, à ce jour, interdit de sortie du territoire. Ai WeiWei : Never sorry est le portrait d’un artiste engagé qui affronte sans relâche l’Etat chinois et nous rappelle de manière essentielle notre besoin de liberté individuelle, politique et artistique.
Wang Bing Wang Bing - Yao Qingmei Eugenio Renzi - Wang Bing
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