A l'initiative de Thomas Golsenne et Burkard Blümlein
L'ÉDITO DE THOMAS GOLSENNE
Contrairement au cinéma conventionnel, où l’énorme appareillage technique nécessaire au tournage, au montage et à la diffusion est caché, le cinéma d’auteur et surtout le cinéma expérimental se caractérisent souvent par un rapport plus manifeste à la technique, aux moyens de production même du film : dès que les avant-gardes se sont emparés du cinéma, on a vu apparaître des images qui jouaient sur leurs conditions matérielles d’existence, des cinéastes qui détournaient l’usage régulier des outils de leur art pour en inventer de nouveaux.
L’exposition de la Villa Arson (Bricologie. La souris et le perroquet 14/02 – 31/08) contient déjà plusieurs vidéos d’artistes contemporains, qui utilisent à leur manière l’image en mouvement pour réfléchir sur les processus de création. En complément, une programmation de films à voir dans les conditions du cinéma dialoguera avec l’exposition. Le premier temps, l’après-midi du vernissage est consacré à des films où le bricolage devient un art. Le second rendez-vous donnera l’occasion de voir ou de revoir un chef-d’œuvre du cinéma, une allégorie de la création artistique où le film dialogue avec la peinture et l’artisanat. Thomas Golsenne
THE ELECTRIC HOUSE (FRIGO À L’ELECTRIC HÔTEL
de Buster Keaton (USA, 1922, 22 min)
Samedi 14 février à partir de 15h30
Jeune diplômé en botanique, Buster se doit de moderniser la maison du doyen de l’université qui le prend pour un ingénieur… Dans ce film, Keaton utilise génialement la maison dans sa modernité pour en faire un objet de cinéma ; la caméra accorde ses mouvements aux mécaniques, aux engrenages, aux automatismes conçus et agencés par l’architecture. Electric House est l’un des premiers films qui montrent les apports du progrès et de la technologie dans la vie domestique et élabore à la fois la
critique, amusée et délirante, du
modernisme.
PANAMARENKO, PORTRAIT EN SON ABSENCE
de Claudio Pazienza (Belgique, 1997, 26 min)
Samedi 14 février à partir de 15h30
A la fois évidente et complexe, ramifiée, multiple, ironique, l’œuvre de Panamarenko semble faire la joie des grands et des petits. Mais malgré son apparente lisibilité, elle demeure inclassable et joyeusement iconoclaste. Elle ne peut se résumer
à la volonté de bricoler appareils et machines capables de se mouvoir avec ou sans force de l’homme, sur terre comme sous l’eau, pour étonner chameaux et poissons. Non, l’ensemble des objets de Panamarenko posent sans cesse la question des limites, des frontières, des passages. Passages de la contemplation à l’acte, de la matière à la forme, de l’art à la science (et vice versa).
SIGNER KOFFER (SIGNER ICI – EN ROUTE AVEC ROMAN SIGNER)
de Peter Liechti (Suisse, 1996, 80 min, vostf)
Samedi 14 février à partir de 15h30
Une sorte de road-movie le long du sillon naturellement chargé de magie, qui traverse l’Europe. Des Alpes Suisses à la Pologne Orientale, du Stromboli à l’Islande… une tentative de grande envergure pour trouver le rythme idéal du voyage. Roman Signer balise les étapes à l’aide de ses instruments très personnels et d’interventions d’une concision séduisante et plein d’humour subtil.
ANDEÏ RUIBLEV
Andreï Tarkovski (URSS, 1969, 3h, vostf)
Mercredi 15 avril à 19h
La Russie du XVème siècle. Théophane le Grec engage le moine Roublev pour peindre Le Jugement dernier dans une cathédrale. L’invasion des Tartares va conduire le moine à commettre un acte d’une terrible porté. Engoncé dans sa culpabilité, il fait bientôt vœu de silence et renonce à la peinture… Loin d’être biographique, ce film pose des questions sur l’essence de l’art et le sens de la foi, en mettant à l’épreuve Roublev et sa mission artistique.
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